Aujourd’hui je vous emmène faire un tour à Tokyo où nous allons visiter ensemble la rétrospective de YAYOI KUSAMA actuellement au Tokyo National Art Center jusqu’au 22 mai 2017. Nous vous présenterons cette exposition avec un regard nouveau très oriental, rien à voir avec le point de vue américain ou européen mais avec d’authentiques yeux en amande !
Commençons avec ‘All About Love’ – titre d’une œuvre qui pourrait être choisie comme emblème de l’exposition elle-même “MY ETERNAL SOUL”. Les œuvres de l’extravagante Yayoi, en effet, sont toutes basées sur l’amour confiné pour l’art qui l’accompagne depuis toujours, mais jusqu’où vont les œuvres présentes dans cette expo ?
En entrant dans la première grande salle, je suis tout de suite submergée par une myriade de peintures multicolores. A plus de 90 ans, Yayoi Kusama semble de nouveau explorer son propre parcours artistique avec une collection au “format Instagram” comme un journal intime. Comme dit précédemment, les œuvres de Yayoi sont toujours basées sur ses émotions, et en suivant le parcours de l’exposition j’ai eu l’impression de passer à travers toutes les obsessions de l’éclectique artiste japonaise.
Mais à quoi ressemblaient les premières œuvres de Kusama Yayoi ? Curieuse, je pénètre dans la seconde salle où l’on retrouve les premiers tableaux de l’artiste. Heureusement j’avais révisé un peu sa biographie avant car un visiteur non averti a du mal à reconnaître qui se cache derrière ces peintures. Il est clair que la jeune Yayoi n’était pas encore prête à laisser transparaitre son monde intérieur complexe, fait de peurs et d’hallucinations.
C’est seulement dans la troisième salle que je suis catapultée dans le fameux « monde des pois », pour lequel nous la connaissons tous. Magie ? Non, déménagement. Nous sommes à présent dans les années 60 et Yayoi séjourne à New York pour la première fois : l’ouverture d’esprit et le mouvement hippie des Etats-Unis en 1968 permettent à la jeune artiste de s’exprimer dans sa totalité. Pendant cette période, elle travaille sans interruption, de façon compulsive, transformant ses propres hallucinations et ses peurs en murs et objets couverts de pois.
Toujours dans cette période, l’artiste se lance dans la réalisation d’objets en 3D, qu’elle appellera “Soft Scultures” (“sculptures douces”), réalisée avec des matériaux moelleux. En les regardant on n’a aucun doute sur qu’elles étaient ses obsessions à cette période : dans la réalité newyorkaise, saturée de luttes pacifiques “faites l’Amour et pas la Guerre”, Yayoi révèle son “âme pure” recouvrant ses sculptures aux proéminences phalliques, traduisant ainsi sa phobie vis-à-vis du sexe.
Son “pure soul” sera son passe-partout pour ne pas tomber dans la vulgarité, malgré son activisme dans les manifestations hippies de la ville de New York dans les années 60. La participation active aux mouvements anti-conventionnels est exprimée dans la série “Self-Obliteration” (1967). Ce recueil constitue une infinité d’installations et performances live où l’artiste japonaise est elle-même protagoniste. Il en résultera ensuite un court-métrage, où Yayoi marche nue dans les rues de la Grande Pomme, ou divague en kimono couvrant les murs de la ville avec des boules de papiers.
En 1973, Yayoi décide de rentrer dans sa patrie et de montrer son art. Le Japon des années 70, lui, n’est pas encore prêt à accueillir son mode d’expression, si impactant et direct. Son retour à la maison se révèle donc un échec et une désillusion.
A chaque instant Kusama Yayoi a été une femme forte et déterminée, et qui malgré ses peurs n’a jamais baissé les bras faces aux tumultes de la vie. Très vite elle décide de repartir à New York, dans un pays qui non seulement est à l’avant-garde et prêt à comprendre son style, mais qui lui donne également la possibilité de devenir célèbre et reconnue internationalement.
Dans l’exposition personnelle que j’ai vu à la Tate Gallery à Londres en 2012, la célèbre « chambre des miroirs » (“Love Forever”, 1966) était également présente : y passer à travers est un véritable trip ! Malgré cela, je m’attendais à quelque chose en plus dans cette exposition présentée comme la “plus grande rétrospective de l’artiste”. Bien que, pour la première fois, certains tabous de la “femme folle aux cheveux rouges” aient été révélé au Japon… mais avec quelques filtres !
Article: Elisa Da Rin Puppel
Edited by: Camille Brunet
INFO:
Exposition: ‘YAYOI KUSAMA – MY ETERNAL SOUL’
Date: 22/02/2017 – 22/05/2017 (Fermé le mardi)
Adresse: Tokyo National Art Center, Special Exhibition Gallery 1E, 7-22-2 Roppongi, Minato-ku, Tokyo, Japan.
Horaires: 10.00 – 18.00